23 Avril 2011 : le train Fianarantsoa-Manakara (1)

Après avoir musarder dans la gare de départ, nous voila en route !

Un des plus beaux paysages de Madagascar

La ligne ferroviaire traverse un des plus beaux paysages de Madagascar sur sa descente des hauts plateaux jusqu’à la mer. Le parcours dévoile des vues panoramiques en descendant la falaise à l’Est de Fianarantsoa.
C’est l’occasion d’admirer à son aise un paysage magnifique qui à mesure que l’on descend, se fait plus sauvage : on quitte les forêts de remplacement (eucalyptus, sapins) pour s’immerger dans une végétation épaisse traversée par de magnifiques cascades, la vitesse de croisière oscille entre 20 et 35 km/h. Nous passons des rizières, aux fonds de vallées verdoyantes, puis aux plantations de thé, avant d’entrer dans la forêt. Nous surplombons de magnifiques cascades, torrents effrénés, longeons des flancs escarpés et traversons des viaducs. Puis, apparaissent des collines herbeuses et des paysages de plus en plus dénudés avec des ravinala (arbre du voyageur qui ne pousse qu’en dessous de 800m d’altitude).

Une aventure humaine

Outre les paysages, nous vivons une aventure humaine, dans une ambiance locale, traversant de petits villages ruraux. En fonction des aléas techniques et du temps nécessaire au chargement et déchargement des marchandises, on a le temps de découvrir la vie au cours des arrêts aussi colorés les uns que les autres ou à chaque arrivée du train, les vendeurs s’agglutinent aux fenêtres des compartiments, guettant le moindre geste d’un passager qui céde au désir d’acheter: sambos, écrevisses, mandarines, oranges, bananes, lichis, pommes cannelle ou de croquer un beignet de banane, un oeuf dur voire une saucisse.

Quelques détails

De Ampitambe (PK28), source de Faroany, qui est le 3eme arrêt après Fianarantsoa, à Tolongoina, le FCE traverse une immense forêt primaire, qui occupe une bande de 15 à 30 km de large, d’ou son nom de « corridor ». C’est ce qui reste d’une forêt qui couvrait tous les Hauts Plateaux
Ranomena (PK38)
C’est le 4eme arrêt après Fianarantsoa. A cet endroit là les paysans vivent de la vente du bois et d’écrevisses sauvages.

Alors ne faites pas comme nous : on venait de manger dans les gares précédentes et on s’est dit qu’on gouterait aux écrevisses proposées par les petits vendeurs à la gare suivante ; loupé car c’est la seule gare ou elles étaient vendues !!!
Et puis il y a aussi ces petits fruits rouges (attention de février à mai seulement) que sont les goyaves de Chine.

écrevisses pour la 1ere, goyaves de Chine et bananes pour la 2eme


Depuis Fianarantsoa, nous sommes chez les bétsiléo (que l’on reconnait sur la photo par les larges chapeaux) et nous allons vers les tanalas ((que l’on reconnait sur la photo par le petit chapeau carré comme celui de la fillette)

Cependant nous sommes encore en région betsileo comme l’indiquent les constructions : maison en terre dotée d’un petit balcon

tandis que plus loin, avant même Andrambovato, les tanala construisent des petites demeures en bois

S’amorce une impressionnante descente dans les 27 tunnels du massif de l’Andringitra. Le plus long, d’un kilomètre (très peu de km après Ranomena), nous plonge dans un noir absolu jusqu’à Tolongoina
Andrambovato (PK45)

C’est le 5eme arrêt après Fianarantsoa. C’est une région productrice de bananes et lorsque la ligne avait été coupée en 200 à cause des cyclones, faute de transport, des centaines de tonnes avaient pourri
Ici les familles les plus pauvres consomment leur production de banane cuites avant même leur maturité tandis que d’autres un peu plus riches en vendent pour acheter du riz.
Sur les hauteurs se dresse le rocher d’Andrambovato. C’est 3 à 4 km après cet arrêt que se situe un admirable panorama sur les chutes de la rivière Mandriampotsy, avec un pont qui les franchit d’une seule portée.
Madiorano (PK54)
C’est le 6eme arrêt après Fianarantsoa.

De nouveaux fruits, petits, oranges et en branches comme les dattes

Beignets de riz, de légumes mais aussi de bananes. Et la gavage de ma petite persone !

Et ca aussi c’est bon, une sorte de papilotte cuite a la vapeur avec une farce. Impossible de savoir ce que c’est mais c’est bon aussi

Tolongoina (PK62)

C’est le 7eme arrêt après Fianarantsoa.
J’y découvre la pomme-cannelle

et j’y mange des samosas

Dans cette gare se collectent des bananes de toute la région. S’il y a 3 ou 4 variétés sur le marché, il semblerait qu’il en existe 18 variétés différentes
J’avais envie d’évoquer au dela de l’attrait touritique la vie difficile notamment à travers cette présence des bananes. Une partie des revenus des familles provient du transport à dos d’hommes des bananes et autres fruits depuis les champs juque dans les gares. Un homme peut porter jusqu’à 60 KG sur 10 km et pour cela gagne 1800 Ar (soit environ 70 centimes d’euros) ca qui lui permettra d’acheter 1 à 2 Kg Kg de riz (pour rappel le prix est en fonction de la qualité du riz). Et évidemment quand le train ne circule pas, les familles ne travaillent pas et souffrent de la faim.
Et plus personnellement ce que j’ai vécu à cette gare. Une jeune femme avec un enfant dans les jupes et un bébé dans les bras, tous vétus de haillons, se travoit par la foule qui se pressait à l’arrivée du train. Peu à peu la foule s’est éclaircie comme à chaque fois une fois que les ventes sont faites et que s’éloignent ceux qui attendront le train du lendemain. Et cette jeune femme était là et regardait d’un air absent. Alors j’ai cherché dans le panier repas fourni par l’hotel et avec un signe discret je lui ai montré mon intention de lui donner un fromage. Quand j’ai vu le sourire et l’empressement qu’elle a eu à le mettre dans la bouche du plus petit, j’ai commptris que j’avais deviné juste (mais ce n’étais pas bien difficile) : ils avaient faim car elle était jeune et surement seule avec ses enfants. Alors je lui ai aussi donné le sandwitch. Avec une vélocité incroyable (je pense pour éviter que d’autres ne le remarquent et viennent lui prendre), elle a cassé un bout pour le garconnet puis un autre qu’elle a gardé dans sa main et caché le reste dans son jupon. Et elle a fait mangé son plus jeune. Un bout de poulet est tombé au sol, elle l’a ramassé et mangé.

Et tout le temps que nous sommes restés en gare, elle est restée assise en face de notre wagon et c’est de son sourire vers moi dont je me souviens. Ce n’était bien sur que ce jour là mais au moins ce jour là au moins ils n’avaient plus faim.
C’est également par cette gare que passe la RNT14 joignant Ifanadiana au Nord (sur la RN25 qui va du parc de Ranomafana ) Mananjary) à Ikongo au Sud. Mais cette piste n’est praticable que par les 4*4 et encore pas toujours lors de la saison des pluies.

Bref, bien avant l’arrivée, nous étions gavés comme des oies… et nous n’avons bien mis que les 8 h prévues

À propos de afaucher2001

Je vais jouer Candide, ce personnage de Voltaire, qui manifeste une innocence ingénue pouvant aller jusqu'à la naïveté et qui va parcourir le monde pour trouver les réponses aux questions métaphysiques qu'il se pose.

Publié le juin 9, 2011, dans Madagascar2011, Train, Villes, et tagué , , , , . Bookmarquez ce permalien. 3 Commentaires.

  1. Bonjour. Je viens de tomber sur votre article et je ne sais pas si votre blog est toujours actif mais je me permets de vous demander si votre regard sur l’épisode avec le fromage que vous donnez à la dame est le même aujourd’hui qu’à l’époque?

    • bonjour
      C’est un voyage qui remonte 5 ans en arriere mais le problème est surement le même puisque Madagascar s’est enfoncé encore plus dans la pauvreté (j’ai des échanges réguliers sur la grande ile puisque je parraine 2 enfants)
      avez vous l’intention d’y aller ?

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